Les causes du bruit sur les lieux de travail
Plus de 7 millions de salariés français sont régulièrement exposés à des niveaux de bruit relativement importants dans leur activité professionnelle. Mais la situation est encore plus préoccupante pour 4 millions de personnes qui subissent en entreprise une exposition régulière, voire permanente à des bruits dont le niveau dépasse 85 dB.
Les conséquences de cette situation ne doivent pas être sous-évaluées. Une exposition excessive des salariés au bruit entraîne toujours des pertes pour l’employeur à cause d’un excès de stress, d’une fatigue accrue et d’une baisse de productivité.
De plus, le risque d’absentéisme est accru en raison des troubles de santé résultant du bruit et d’une difficulté accrue à entendre les alertes. Poussés à leur paroxysme, les bruits peuvent avoir des effets néfastes sur l’oreille pouvant conduire à une perte auditive totale du travailleur. Il est donc judicieux de procéder à la mesure du bruit au travail pouvant être subi par les salariés.
Le fonctionnement des outils de travail bruyants
Les salariés qui travaillent sur des chantiers connaissent bien l’inconfort des sons provoqués par le fonctionnement des marteaux-piqueurs, des scies électriques ou des perceuses. Ceux qui travaillent dans des usines doivent subir le vacarme des machines-outils toute la journée.
Un tel contexte cause des problèmes pour eux-mêmes et pour leur employeur qui subit les conséquences d’une baisse de concentration et qui risque de devoir faire face à une hausse des accidents du travail, résultant d’une perte de vigilance des salariés. Il doit donc offrir à ses salariés une surveillance médicale renforcée pour que ceux dont la santé est compromise par un environnement sonore nocif puissent éventuellement bénéficier d’une mutation ou au moins d’un aménagement de leur poste de travail. Cette mesure de prévention doit être complétée par la mise à disposition de chaque salarié d’une protection individuelle capable de limiter les effets sur l’audition.
Une ambiance animée
Les bavardages des clients d’un restaurant ou l’ambiance d’un centre commercial constituent une source de bruit non négligeable. Le plus souvent, ce type d’environnement provoque des bruits se situant entre 60 et 70 dB. Si des salariés sont exposés en permanence à ce niveau de bruit, il est conseillé de les inciter à rencontrer le médecin du travail pour que celui-ci puisse procéder à une étude de leurs éventuels troubles auditifs.
Il est à noter que si le bruit ambiant dépasse 65 dB, le risque de maladie cardio-vasculaire est accru d’un cinquième pour les personnes qui sont constamment exposées. Une protection auditive individuelle peut donc être nécessaire dans certains cas.
Le cas des salariés travaillant dans des bureaux
Lorsqu’un salarié travaille dans un bureau suffisamment insonorisé, l’employeur n’a pas à se faire de souci dans la mesure où aucune source de nuisances sonores ne se trouve à proximité. En effet, les niveaux sonores habituellement constatés dans ces circonstances ne causent pas de problème particulier. Les travailleurs ne sont pas exposés à des problèmes de surdité professionnelle, car le bruit est au-dessous des valeurs limites.
Cependant, il y a lieu d’être plus vigilant pour les salariés qui travaillent dans des bureaux en open space. En effet, le bruit qui règne dans ces espaces peut atteindre une soixantaine de décibels, ce qui peut entraîner une fatigue accrue par une hyper sollicitation de l’ouïe.
La proximité d’un aéroport ou d’une voie ferrée
Le décollage d’un avion ou le passage d’un train circulant à vive allure à moins de 100 m d’un lieu de travail provoque un bruit atteignant environ 140 dB. Un tel niveau d’exposition sonore se situe au-delà du seuil de 120 dB à partir duquel le bruit est considéré comme dangereux en raison d’un risque de perte d’audition irréversible.
Si un employeur a des salariés travaillant à proximité d’une telle source de bruit, il doit faire en sorte que les bureaux soient suffisamment insonorisés, notamment en faisant installer des fenêtres à double, voire à triple vitrage. Si cela ne suffit pas, l’employeur doit chercher des locaux plus silencieux pour éviter toute exposition dépassant les valeurs limites.
Les réglementations auxquelles les employeurs doivent se conformer
Tout employeur doit préserver des salariés des bruits excessifs. Les dispositions réglementaires varient en fonction de l’importance des bruits dans l’entreprise.
Dans tous les cas, il doit commencer par faire une évaluation sommaire en demandant à ses salariés s’ils peuvent parler entre eux sans être dérangés par le bruit.
Une mesure normalisée des niveaux d’exposition doit être faite si les salariés signalent des perturbations sonores importantes ou des troubles de santé liés à des sons excessifs.
- Si le niveau moyen de bruit constaté sur le lieu de travail se situe autour de 80 dB, l’employeur doit informer ses salariés des mesures qui peuvent être prises et leur assurer une formation spécifique. En outre, il doit leur proposer des protections individuelles et éventuellement un suivi médical de prévention comportant des examens audiométriques.
- À partir de 85 dB, l’employeur doit évaluer le bruit et donner à chaque salarié une consigne de port d’une protection individuelle. Il doit également faire en sorte qu’ils bénéficient d’un suivi médical renforcé.
- Enfin, pour sa propre santé aucun salarié ne doit être exposé à un bruit dépassant une moyenne quotidienne de 87 dB après prise en compte de l’efficacité de sa protection acoustique individuelle.
Les conséquences du bruit en France
L’excès de nuisances sonores coûte cher aux Français. En effet, les études concernant les conséquences d’une exposition de longue durée aux bruits qui résultent des circulations aériennes ou terrestres ont un coût sanitaire se situant autour de 11 milliards d’euros. Ce coût est essentiellement causé par la fatigue et des maladies professionnelles consécutives au fort niveau de bruit et aux nuisances sonores.
Pour l’évaluation du coût social du bruit, il convient de tenir compte des accidents provoqués par une trop forte exposition à de hauts niveaux sonores sur le lieu de travail. Le coût de ces accidents et de la surdité professionnelle est évalué à 1,2 milliard d’euros.
Ces chiffres sont probablement inférieurs à la réalité du coût social des nuisances sonores, car ils ne prennent pas en compte la fatigue nerveuse résultant du bruit ni les pertes de productivité des travailleurs.